EndorphinMag : mag des sports nature 100% gratuit en un CLIC

Les articles du Mag

Ultra Raid de la Meije 5ième édition

le 04.10.2015 par EndorphinmagPartager
B.Boone
URLM 2015

Ultra Raid de La Meije  "5e édition"

 

       L'Ultra Raid de La Meije, la fameuse épreuve de VTT au format XXL organisée par Jean-Paul Routens et son équipe afin de nous faire partager cet immense terrain de jeu autour de ce majestueux pic de La Meije. Incontournable rendez-vous des baroudeurs au long cours, ses 115kms et près de 5500m de dénivelé nous font toujours autant frémir, deux passages à 2600m d'altitude et 80% du parcours à une altitude supérieure à 2000m, c'est parti pour une grosse journée en plein air !!

 

           Nous sommes cette fois dans la petite station de La Grave, plaque tournante de l'épreuve et malgré la fermeture de l'accès à ce site par Grenoble, ça ne découragera pas les nombreux concurrents qui ont répondu présent en masse avec un nouveau record d'affluence, preuve que cette épreuve grandit d'autant que plusieurs formules sont proposées aux participants ;

tout d'abord l'incontournable défi de l'Ultra Raid et ses 115kms ainsi que deux possibilités de shuntage pour boucler 100 ou 70kms qui représente à lui seul un joli défi physique.

Il y'a également la possibilité d'un classement sur deux jours avec 70kms le samedi et 50kms le dimanche pour effectuer l'intégralité du parcours sans aucune pression des barrières horaires mises en place pour ramener tout le monde à des horaires raisonnables. En somme, l'URLM s'ouvre à un plus large public et se veut accessible à tout vététiste amoureux de haute montagne.

 

Nous sommes conviés le vendredi soir pour récupérer la plaque de cadre et le T-Shirt spécial "5e édition" puis procéder au check-up du matos obligatoire (le minimum requis pour vadrouiller en haute montagne: trousse de secours, sifflet, téléphone, veste imperméable, matos de réparation et lampe frontale), c'est très sécurisant cette vigilance de la part des organisateurs. Le traditionnel briefing pourra paraître assez anodin aux yeux de certains mais toutes les recommandations qui nous sont adressées sont importantes: balisage, dangers, environnement et.... un parcours qui sera un peu modifié par trois passages inédits qui va le rendre encore un peu plus difficile. Allez, il ne nous reste plus qu'à rouler !!

 

Réveil à 4h30 le samedi matin, ça pique les yeux !! Petit déjeuner assez léger et il faut monter au départ situé dans le petit village de Villar d'Arêne, il fait nuit et seulement deux degrés sur l'aire de départ. La peur et la crispation se lit sur les visages. Le départ est donné à 6h, les lampes frontales sont allumées, tout le monde est libéré. Malgré le froid, on va vite se réchauffer car d'entrée de jeu, le ton de l'épreuve est donné. Après 2kms d'échauffement, il nous faudra déjà gravir les premières pentes de ce raid avec l'ascension du col du Lauraret: 600m de dénivelé à escalader, la pente est très raide sur un chemin abrupt, il nous faudra d'ailleurs poser pied à terre mais la suite de l'ascension est plus douce sur un sentier et quelques passages sur des pontons en bois gelés, la prudence est de mise avant de reprendre un peu de vitesse sur les prairies à l'approche du sommet du col. Cette ascension est toujours un moment féerique et magique, l'ambiance y'étant toujours particulière. Pour ma part, je me retrouve dans un petit groupe aux alentours de la 10e place.

 

Premier passage à 2000m d'altitude, il fait toujours nuit et on redescend un peu en contrebas afin de partir à l'assaut du mythique col du Galibier: 10kms et 900m de dénivelé sur une longue piste où chacun roule à son rythme. Le jour se lève en laissant refléter de magnifiques couleurs sur les grands massifs nous entourant dans ce décor de rêve. On passe devant la célèbre stèle "Henri Desgranges" et on quitte la piste pour accéder au sommet du col par un vertigineux portage qui nous donne l'impression de basculer en arrière tellement la pente est prononcée, d'autant que le sol est gelé avec des appuis précaires. Au sommet à 2600m d'altitude, on peut enfin se débarrasser de nos lampes pour se jeter dans la longue descente qui suit jusqu'au hameau de "Bonnenuit" à proximité de la station de Valloire. Le leader de la course est déjà 20 minutes devant moi.

 

Cette première descente est plutôt engagée: une trace très pentue sur du schiste, une longue ravine profonde, un singletrack très trialisant jonché de pierres et de marches avant de lâcher les freins le long d'un torrent, ce qui me coûtera une magnifique cascade par dessus le vélo à haute vitesse, plus de peur que de mal mais il faut rester ultra vigilant à tout moment car sur ce terrain les descentes sont aussi physiques que les montées. Il faut maintenant remonter jusqu'au hameau de "Plan-Lachat" par un portage sur une prairie et quelques franchissements sur un sentier. J'ai quasiment 3 heures de course pour 27kms effectués, sacré moyenne horaire !!

 

 

On attaque ensuite la longue piste qui mène au col des Rochilles, une ascension plutôt facile sur une piste roulante longue de 8 kilomètres. Au sommet, nous sommes de nouveau à 2600m d'altitude sous un épais brouillard, il fait -3 degrés ! Je suis toujours aux alentours de la 10e place. On redescend ensuite rapidement vers le lac des Cerces avant de reprendre un peu plus de hauteur sur un sentier technique dans un décor à couper le souffle: brume nuageuse et froid glacial, ambiance garantie !! On atteint le sommet du col de la Ponsonnière, point culminant du raid à 2650m d'altitude et.... grande surprise en découvrant un paysage totalement découvert, simplement sublime !
L'espace de quelques secondes, un regard immortalisé pour contempler les Aiguilles d'Arves à notre droite, le massif de l'Oisans en face de nous et le val de Clarée à notre gauche.

 

Place maintenant à une longue descente sur du vrai sentier de montagne, un joli torrent à traverser et un tapis de pierres à franchir pour boucler cette traversée du massif des Cerces. On passe devant les chalets de l'Alpe du Lauzet avant de poursuivre par le sentier du Roy, l'un des plus vertigineux du parcours, un sentier étroit en surplomb de la Guisane qui coule paisiblement sous nos pieds: le vide est impressionnant, la concentration est maximale, l'erreur est interdite. On remonte progressivement en franchissant quelques vallons et des zones trialisantes qui demandent beaucoup de souplesse avant de redescendre dans la vallée par un sentier ludique en sous-bois. Il faut de nouveau remonter pour atteindre le col du Lautaret par une rampe difficile pour clore cette première boucle de l'URLM.

 

Au sommet, 55kms sont effectués et déjà plus de 5 heures de course, la moyenne est toujours aussi faible sur ce parcours qui demande à être patient pour avaler les kilomètres. Il est grand temps pour moi de profiter du ravitaillement mis en place et très bien garni: fromage, terrines, fruits, barres, chips, boissons, coca... De quoi repartir pour 60kms et encore 3000m de dénivelé à gravir. Après 2 bonnes minutes d'arrêt, je file vers Villar d'Arêne, je suis actuellement toujours accroché à ma 10e place.

On redescend le sentier précédemment emprunté lors de l'ascension nocturne. C'est maintenant Benoît Vaxelaire, le coureur du team Raid Vauban qui mène la danse en tête de course suite à l'abandon prématuré du précédent leader Vincent Arnaud (team Addiktiv Cycles-Tyres) victime d'une mauvaise chute en traversant un torrent. La lutte pour la victoire reste donc indécise avec Benoît Talon (OC St Raphaël) qui s'est présenté au col du Lautaret à peine 10 minutes après l'homme de tête.

 

On attaque la seconde boucle sur un terrain nettement moins hostile et cassant pour une belle escapade dans l'Oisans. On remonte alors vers le lac du Pontet par une petite route pour parvenir au bord de ce petit plan d'eau niché à 1900m d'altitude. A ce moment de la course, il faut absolument savoir gérer ses efforts pour s'économiser. On enchaîne sur un sentier à flanc de montagne en bordure de prairies et au beau milieu des vaches non effrayées par notre présence. On descend ensuite vers les petits hameaux qui surplombent la station de La Grave, cette descente est très ludique sur un sentier serpentant telle une piste de luge. On se retrouve alors dans un petit vallon pour un court moment de répit qu'il faudra savourer pour rejoindre la bifurcation avec le parcours "70kms" qui plonge directement vers l'arrivée.

 

Un petit ravito nous attend mais par surprise, on m'annonce maintenant à la 5e place, des coureurs ayant shuntés directement vers l'arrivée ! Il ne faut donc jamais se laisser influencer par l'allure des autres concurrents sur cette épreuve. L'ascension qui suit n'est pas très longue mais très difficile, l'annonce de cette remontée opportune m'aura redonné un gain d'énergie supplémentaire. On profite ensuite d'un long sentier de montagne très agréable avant de gravir une nouvelle piste, une montée supplémentaire inédite pour rejoindre une vallée perdue au milieu de nulle part. On effectue un court portage puis une descente rapide pour retrouver le parcours initial en suivant le vallon de la Buffle, un long faux plat avec un vent défavorable.

 

On arrive au ravitaillement du 75e km, j'ai maintenant 7h20 de course. Je retrouve le 4e coureur également bien fatigué, j'effectue un court arrêt en prenant soin de bien m'alimenter car c'est un portage d'une bonne demi-heure qui nous attend pour atteindre le sommet du plateau d'Emparis. Cette difficulté sera difficile à gérer physiquement mais il faut savoir garder son calme, je me retrouve à la lutte avec un coureur drômois pour le gain de la 4e place.

 

Au sommet, le décor est somptueux avec de vastes prairies et des torrents qui sillonnent à travers les alpages. La section qui suit redevient assez facile et rapide jusqu'au passage au sommet du col St Georges. Nous sommes au 85e km et nous avons la possibilité de rentrer sur La Grave ou d'effectuer la boucle supplémentaire de "l'Oisans" pour boucler la totalité du parcours ULTRA.

 

On plonge donc vers le village de Besse-en-Oisans par un sentier GR parsemé de grosses ravines et de nombreuses épingles. Ce sentier se dégrade d'année en année, ce qui gâche un peu le plaisir. Une fois tout en bas, on effectue un détour prévu sur le parcours pour visiter le village et profiter du ravitaillement mis en place. On nous annonce le 3e coureur à 15 minutes devant. Il faut alors maintenant remonter au sommet du plateau d'Emparis pour repasser une nouvelle fois au col St Georges. Il nous faut gravir 800m de dénivelé sur une piste assez roulante qui va nous occuper pendant une heure, ça paraît interminable et épuisant. Je me retrouve à la 5e place en ayant concédé quelques minutes sur cette ascension.

 

Me voici enfin au sommet, il faut cette fois s'attaquer au col du Souchet situé 300 mètres plus haut et que l'on atteindra en empruntant de difficiles sentiers à moutons, ça demande beaucoup d'énergie qu'il est difficile à trouver après 10 heures de course. On atteint le sommet et on attaque une zone trialisante autour de quelques petits lacs, il faut encore rester lucide d'autant qu'une nouvelle section inédite nous attend: une petite ascension dans une prairie en dévers sans rendement qui nous achève. Nous sommes au bord des crampes mais ça me permettra de revenir à nouveau dans le sillage de mon adversaire du jour pour la 4e place du raid ULTRA.

 

On redescend par une section hors piste, il faut se débrouiller pour trouver la meilleure trace possible pour rejoindre le sentier GR situé en contrebas. On se retrouve au coeur du domaine skiable du Chazelet, la descente vers le hameau est technique et ludique, malgré la fatigue on se fait vraiment plaisir mais l'erreur reste interdite et la vigilance est de mise. On passe le petit hameau et on plonge vers l'arrivée jugée à La Grave. Il commence à pleuvoir, la descente va être particulièrement engagée et devenir périlleuse sur des ardoises très glissantes, un sentier très étroit et des épingles extrêmement serrées avec des franchissements  très prononcés en bord de ravin. Aucun risque inconsidéré à prendre, j'y perdrais ma 4e place mais il faut aussi parfois se montrer raisonnable. On se retrouve au bord de la Romanche, il reste 2kms dont cet ultime portage lors des 500 derniers mètres avant de savourer le plaisir, le bonheur et la fierté de devenir finisher de cet Ultra Raid de La Meije. Je franchis donc l'arrivée en 5e position au terme d'un beau duel pour la 4e place. 115kms et 5500m de dénivelé auront été parcourus en 10h56, 50 minutes derrière le vainqueur: Benoît Vaxelaire du team Raid Vauban qui aura bouclé l'épreuve en 10h04. Benoît Talon termine second en 10h25 et le haut alpin Florent Besses complète le podium en 10h43. Chez les dames, l'espagnole Ada Xinxo sera la seule concurrente à boucler l'intégralité du parcours ULTRA en 12h51. Ils seront cette année seulement 39 concurrents à boucler l'intégralité de ce parcours ULTRA dans les délais impartis (14 heures), le dernier finisher franchissant la ligne au terme de 13h34 d'efforts !!

          

Voici donc une épreuve qui se mérite, un parcours dément, un défi extraordinaire, une épreuve de folie devenue simplement INCONTOURNABLE.

 

Malgré tout, une préparation physique, technique et mentale sera requise pour venir à bout de ce défi. Un matériel en parfait état sera également nécessaire pour mener à bien cette grande expédition. Un moral d'acier, une parfaite connaissance de ses capacités et une excellente gestion physique et mécanique seront les clés de la réussite pour devenir finisher de ce défi. Alors prenez date en septembre 2016 et rendez-vous au pied du pic de La Meije car cette aventure est à vivre.... ou à revivre !!!



Endorphinmag - Fred Ischard

Octobre 2015.