ARWC 2018 / Raid In France – Ile de La Réunion

 

59 équipes (26 équipes françaises) 25 nationalités

 

424km en 10 sections : VTT – PACKRAFT – CANOE – ESCALADE – TREK - SPELEO 17000D+

 

41 équipes finishers dont 28 teams full race

 

Résultats :

  • 1er Avaya (NZ)
  • 2e Silva (SWE)
  • 3e Naturex 400team (FRA)
  • 4e Black Hill Salomon (CZE)
  • 5e  Estonian Ace Adventure (EST)
  • 6e Lozere Team2raid (FRA)
  • 8e Absolu Raid Occitanie 1 (FRA)
  • 9e DSN 74 – Hoka (FRA)

 

Le gratin mondial était réuni sur l’Ile de la Réunion, du 4 au 16 novembre 2018. Cette finale mondiale, confiée aux français de « Raid In France » et qui fêtait à cette occasion sa 10e organisation sur le circuit mondial (ARWS) a rassemblé 59 équipes de 4 (mixtes), près de 25 nationalités représentées et surtout 10 des 15 meilleures équipes mondiales. Un terrain de jeu difficile était annoncé, fidèle à la philosophie de l’organisateur, Pascal Bahuaud, dont la devise « back to nature » n’aura pas été trahie cette fois encore.

 

Un prologue au départ de Hell Bourg, ludique, culturel mais malchanceux pour certains : Tous avaient le sourire à l’arrivée, les jeunes écoliers fiers de leur participation au milieu des champions, comme les raideurs ravis de se lancer dans ce raid préparé depuis tant de mois. Cette première épreuve, le Kour la rou, était un relais entre équipiers dont le but était de faire rouler un pneu à l’aide d’un bâton. A ce jeu là, les français d’Arverne Outdoor ont bénéficié de la bonne foulée d’une jeune athlète, championne régionale dans sa catégorie. Les plus malchanceux resteront Lozère Team2raid, partis avant dernier le lendemain matin, avec près de 30mn de retard sur la tête de course. Ces derniers très déçus, auront à cœur de remonter le fil de la course, ce qu’ils feront avec brio, terminant 6e de cette finale mondiale.

Le public était au rendez-vous de ces premières foulées parcourues dans les rues de ce village de montagne bien connu des touristes.

 

JOUR 1

Le lendemain, tôt dans la matinée, les équipes se sont élancées munis de leur carte et de leur 12h de repos minimum obligatoires à poser tout au long du parcours. Ainsi, en orientation pure et sans ravitaillement (soit entre 8 et 12kg embarqués sur le dos de chaque raideur), ils ont entamé le premier morceau : 105km de trek et 3 cirques au menu, Salazie, Mafate et Cilaos. Les premiers boucleront cette section en 37h. Les habitués du trail à la Réunion (Diagonale des fous) commencent à réaliser l’ampleur de la tâche, le trek de départ n’étant qu’une mise en bouche au regard de ce qui attend les équipes sur une course non-stop évaluée à 120h pour les premiers (180h pour les derniers). Je croise les teams après 4h de course, l’occasion de faire de belles photos au milieu des « chouchous » d'où ils sortent de nulle part en réalisant "Ça va pas être simple mais qu’est-ce que c’est beau ». Je file ensuite au CP1, un point culminant avant de plonger dans le cirque de Mafate. Les équipes se suivent parfois, peu de temps d’arrêt pour Christophe  Aubonnet et son équipe Intersport Lyon DSN74 comme pour l’équipe de Nicolas Mitton, DSN74 Yogi Spirit ou encore celle de Rémi et Steph chez Adeorun... Ici, le temps change vite, du soleil, on passe au vent frais avec de petites ondées. Les écarts se creusent de façon incroyable. Il y a plusieurs niveaux dans le raid, comme souvent…

 

Dans la nuit, les premiers arrivent à Cilaos au CP4 au pas de course. Choix tactique de dormir, quasiment pour tous sauf pour les Estoniens qui repartent aussitôt, voulant marquer le pas sur leurs poursuivants. Le contrôle matériel surprise aura apporté son lot de frayeurs notamment pour Sébastien Raichon, capitaine de Naturex 400team (voir vidéo en page LIVE) mais ils finiront par remettre la main sur la « Strobe Light », ouf ! L’histoire finit bien. Ce qui n’a pas été le cas du Team FMR qui lui, ne la retrouvera pas et sera pénalisé de 2h de stop obligatoire. Amère, le capitaine Clément Valla accepte la pénalité même si l'oubli de cette lampe dans le matériel kayak le pénalise durement les faisant reculer au classement mais leur permet également de se reposer.

 

 

JOUR 2

 

Au 2e jour de course, une déshydratation sévère va stopper l’une des très bonnes équipes françaises, Agde Aventure. L’aventure se termine tout juste après le CP4, à Cilaos. Leur féminine Christine, ira compléter l’équipe des Bomberos 81, elle aussi, orpheline de l’un des raideurs (blessure au genou). Cilaos est à peu près à mi-étape de cette section, les écarts commencent à grandir fortement. « Le soleil brûle les corps » explique Anne Simon, de l’équipe Outdoor de cœur, « il ne faut pas trainer pour le Piton des neiges». Blessée au genou, Anne sera victime d’un abandon un peu plus tard, vaillante jusqu’au bout comme à son habitude.

 

Le parcours est magnifique mais l’avis est unanime aussi pour ajouter que le terrain de jeu est difficile, des traces à peine perceptibles, l’orientation est minutieuse et le physique déjà très sollicité avec déjà 7000D+ engrangés.

 

Après 37h de course, les 3 premières équipes arrivent à la première aire de transition (AT1). Nous sommes bordés par les champs d’ananas et de canne à sucre... et les moustiques sont légions. Les arrivées se succèdent toute la soirée. Stop obligatoire pour pas mal d’équipes obligées d’attendre « l’ouverture » de la rivière à 5h15, profitant de la contrainte pour « poser » 4h de sommeil (le maximum possible par arrêt). J’interroge les 10 premières équipes arrivées à cette AT sur le nombre d’heures de sommeil déjà posées, seuls les Estoniens ne veulent pas répondre, « secret » me disent-ils. Ça fait sourire les français à côté… la course est lancée, certains sont très stratèges et ne veulent pas trop se dévoiler… sauf que les heures de sommeil apparaissent sur le site de l'organisation quelques heures plus tard… Un premier classement positionne les français de DSN 74 Hoka, provisoirement à la 1ère place devant les néo zélandais, suédois et autres français de Naturex 400team.

 

JOUR 3

 

Après une 2e courte nuit pour moi aussi, je retrouve les équipes au CP8, à Bras-Panon, à une première transition packraft qui consiste à remonter la rivière. Ça va vite devant, les équipes ayant choisi de ne pas dégonfler leurs embarcations entre les 2 rivières gagnent du temps. Naturex 400team repasse devant tout le monde et gagne même 15mn sur ce coup là, bien joué !

 

Dans la matinée, je récupère Juliette à l'aéroport, une 2e reporter, ma coéquipière de la Saharienne (raid féminin à la suite du RIF) vient renforcer l’équipe EndorphinMag. On ne sera pas trop de deux, la course est déjà bien étirée. Entre photos, vidéos et infos, à chaque team rencontré, il faut se démultiplier, ça va pas être simple mais déjà mieux qu’en solo. Denis, notre webmaster resté en France, complètera notre team en nous indiquant les allures de course, les points précis où se situer pour croiser certaines équipes.

 

Cette 2e journée nous permettra de voir quasiment toutes les équipes françaises. En soirée, on file au CP10, l’Ilet Coco, un joli passage sur la rivière qui nous permettra de croiser l’équipe Absolu Raid Occitanie 1, bien en rythme et tout sourire avant d’attaquer cette fin de section et pour cause, tout justes passés avant le cut de 19h !!

 

Un tour à AT2 situé à Saint Benoit (fin de la rivière des marsouins) où l’on croise le team DSN 74 Hoka (pour se doucher nous aussi) et on file sur AT3 (Anse des Cascades) rattraper la tête de course. Les raideurs ont pris leurs VTT et filent plein sud vers l’Anse des cascades pour poser les vélos et continuer à pied. Arrivé en pleine nuit, le team Avaya est suivi de Naturex 400team mais les français auraient pu réduire et absorber l’écart si la dernière balise avant la transition ne leur avait pas tant résistée, on les retrouve amers d’avoir autant jardiné à ce moment de la course.

 

JOUR 4

 

Le réveil est difficile, courbaturées de la nuit dans le kangoo, on aperçoit le team FMR, hésitant à s’arrêter pour quelques minutes… mais au final, repartant après une courte pause de 30mn, juste le temps de se ravitailler un peu. Repartis sur un très beau Coastering, les équipes ne trainent pas… dommage, le lieu est magique, les cocotiers dressés comme des i, parsèment le bord de plage et remontent dans la ravine de façon majestueuse. Malgré ce site paradisiaque, on ne s’attarde pas, les prochaines équipes sont loin. Guidées par Denis, on repart en arrière de la course, au CP8. L’idée est de retrouver la fin de course. On y croisera les XTTR63 et le légendaire sourire de Steve (sans parler de son humour décalé), la bonne humeur règne dans l’équipe qui va à son rythme, la course est longue. On croise aussi Los Bomberos 81, en mode 2 gars 2 filles, Christine du team Agde Aventure a trouvé ses marques, l’équipe reconstituée se ravitaille largement avant de repartir bien motivée pour vivre l’aventure jusqu’au bout malgré l’arrêt sur blessure de Mickaël. Retour au CP10 (et oui, on a parfois l’impression de vivre les 2 mêmes journées), on croise les Arverne Outdoor qui prendront quelques minutes pour nous raconter leurs péripéties « on a fait une Arverne » raconte Stéphane tout sourire : « baudrier perdu lors d’un chavirage, « passeport » perdu retrouvé par le team Absolu Raid près un retour en arrière sur près de 10km » mais le moral est au top alors pas de panique, tout fini bien… puis les Nantes Aventure 1 qui stoppent quelques instants et nous racontent avec plaisir les plus beaux passages de la descente, le rappel… eux aussi prennent beaucoup de plaisir ! 

 

L’objectif de l’après-midi ? « Les petites louves », seule équipe 100% féminine que l’on n’a pas vu depuis longtemps. 2h de route et 30min à attendre au bord d’un champ de canne à sucre mais un plaisir partagé quand elles débarquent en VTT, surprises de nous croiser dans cet endroit improbable. Une équipe qui a été shuntée de la section packcraft pour recoller à la course. « Le trek a été difficile, ce shunt est logique, on a envie d’aller le plus loin possible alors on s’adapte au règlement » précisent-elles.

 

Les équipes suivantes étant loin, on décide de rattraper la tête de course qui devrait passer au sommet du Piton de la Fournaise avant la nuit. Arrivées vers 17H, la nuit tombe… On passe du chaud au froid… et même au brouillard à notre départ. Arrivée du team Avaya, Nathan a l’air atteint, un gaillard fatigué se présente à nous mais 35 minutes de transition plus tard et il est comme neuf (ça va vite, très vite pour passer du mode trek au mode VTT, se ravitailler, vérifier les cartes, la nourriture pour la suite etc.), pas un mot échangé dans l'équipe, chacun sait ce qu’il a à faire… Et puis c’est l’arrivée des français de Naturex 400team. Eux aussi 35 minutes chrono et même quelques mots en interview, les traits sont tirés… Sandrine en métronome, rythme cette transition… c’est fabuleux de les voir se préparer pour la suite, excitant de les savoir en seconde position de ce raid encore long. Ils repartent en VTT pour descendre la fameuse rivière des remparts (très belle de jour et sans brouillard !!), descendre dans la ravine de Saint-Pierre jusqu’à deux rappels situés 3km en amont de la base kayak de la ville, qui fait office d’AT7.

 

 

Pas envie de passer la nuit dans le froid alors nous faisons comme eux (au détail près que nous sommes en voiture) et nous redescendons vers l'AT7, départ kayak, douche chaude et douceur du climat de la ville de Saint-Pierre, tout au Sud de l’ile.

 

JOUR 5

 

On attend la tête de course avant de repartir en arrière et surprise, Naturex 400team arrive sur un bon rythme, ils ont doublés les néo-zélandais d'Avaya dans la nuit. Contrôle matériel, et c’est la catastrophe, sans doute le raid perdu en partie ici à cause d'une corde à lancer (matériel de sécurité) qui manque à l’appel. C’est 2h de pénalité à purger immédiatement. Le team Avaya arrive surpris de voir les français endormis alors que la journée commence à peine, il est environ 8h quand ils s’élancent de nouveau en tête pour le long kayak de 37km jusqu’à Saint-Leu. Retour en arrière après ce coup dur pour suivre les français du milieu de la course. Au pied du Piton de la Fournaise, la balise K20 semble compliquée à trouver, sur les traces d'une ancienne coulée de lave… C'est là qu’il faut aller car pas mal de teams encore sur site en recherche. On se pose au carrefour localisé sur la trace, croisement entre la Nationale et la coulée de lave… on quadrille la zone à pied quelques minutes quand Juliette entend des voix s’élever derrière un portail !! On passe la tête et on retrouve les Absolu Raid Occitanie 2 installés devant une maison, une tasse de café à la main. Leur hôte est un local qui deviendra célèbre pour quelques équipes et surtout pour Pascal, l’organisateur. C’est un traileur nommé Apollinaire, si accueillant, que l’on finira par boire un café avant de décoller (tous ensemble) sur La trace que lui seul (ou presque) connait. Il nous mènera directement sur le bon chemin, on les abandonnera 1 km plus loin après 30 minutes de marche environ et de bonnes discussions imprévues en milieu de raid ! On apprendra à l’arrivée qu’Apollinaire avait la balise au bout de son jardin, une ravine pas simple à trouver que les suisses mettront presque 10h à dénicher quand d’autres n'y jardineront pas plus de 20 minutes. « Apollinaire s’est au final approprié la balise » nous souffle Pascal en souriant, il a sauvé quelques équipes d’un jardinage assuré. On apprendra aussi qu’à 24h d’intervalle, il aura accueilli l’autre équipe Raid Absolu Occitanie 1, offrant le même régime au détail près, aux copains de raids occitans. 

 

On croise par la suite, les Bim Bim team, toujours la pêche, gros moral et une progression linéaire dans une course menée sagement… On redescend direction l'AT4, où on retrouve Arverne Outdoor et un David qui commence vraiment à souffrir des pieds (ils iront jusqu’au bout après des efforts incroyables et tant de douleurs). Les petites Louves stationnent en même temps à l’AT4 qui se posent un peu pour mieux repartir et motivées pour atteindre le sommet du volcan !

 

L’après-midi est déjà entamée, que les journées passent vite, pourtant nous sommes debout quasi 20h par jour (oui, un raid dans le raid comme j’aime souvent à dire), on part vers Étang Salé, CP au milieu du kayak, où l’interdiction de navigation de nuit va stopper tout le monde. On aura juste le temps d’interviewer quelques équipes avant qu’elles ne rejoignent le camping du coin. L’heure aussi pour nous de revenir au camp de base, le village Corail à Saint-Gilles, où les premières équipes sont annoncées pour une arrivée finale dans la nuit.

 

JOUR 6

 

Il est 2h30 quand les néo-zélandais d’Avaya coupent la ligne, « un raid incroyable, le plus engagé de ma carrière » raconte Nathan mais aussi « beau et inoubliable » ajoute Chris. L’heure est aux compliments pour l’organisation, remerciements aux bénévoles… tous se congratulent. Nous sommes heureux pour eux, on salue la performance mais la France ne sera pas Championne du monde cette année. On repart dormir quelques heures, en rêvant de voir apparaitre les Naturex 400team et en croyant les voir arriver mais c’est Haglöfs Silva qui franchit la ligne au petit matin. Moins de 2 minutes séparent les suédois des français qui arrivent dans un flot d’émotions. La performance est belle mais ils sont déçus, passés si près de cette victoire. Sébastien, capitaine des Naturex 400team prend la parole : « Ce podium a été construit sur 4 ans, les équipiers ont été choisis au regard des exigences du terrain, je tiens à remercier tous les raideurs Naturex 400team, les absents qui nous ont aidés à réaliser cette performance incroyable, sur un terrain de jeu si difficile, chaque équipier a mis son expérience au service du collectif, je suis fier de mon équipe ». 

 

Passées les émotions, on repart en arrière à l’arrivée du kayak, tous les raideurs demandent des nouvelles des arrivées de la nuit… ils leur restent la grosse section VTT et ce passage à 2830m d’altitude au Maïdo, on les encourage et fixons comme objectif qu’il n’y a plus de nuit à la belle étoile… go go gooooooo ! Les arrivées se succèdent, 4 teams français font partis du top 10, sacrée performance !!

 

Tous s’expriment avec gratitude envers l’organisation, Pascal a réussi son pari, un raid engagé où nature et aventure riment parfaitement… ce sont les mots qui ressortent le plus souvent des témoignages… « quelle aventure, une expédition même » comme a soufflé Rudy, du team Lozère Sport Nature, à l’arrivée !!

 

Autre bilan significatif pour la team EndorphinMag.fr, c’est 2035km parcourus, 3250 photos, près d’une centaine de vidéos mises en ligne sur Facebook et 26h de sommeil lors des 6 premières nuits !!

 

Merci aux raideurs, encore un beau spectacle, de belles émotions et une extraordinaire aventure que nous avons eu la chance de partager… merci à l’organisation pour son accueil, de chaleureux applaudissements aux bénévoles toujours aussi sympathiques, merci Denis, webmaestro de fou, merci Juliette ton 1er reportage aura été un baptême du feu, une team inédite qui aura permis une couverture média encore plus importante… merci aux lecteurs, internautes qui suivez de près toutes ces aventures… nous on aime… comme le suivi des raideurs… vous êtes aussi notre carburant !

 

Live à revivre sur http://live.endorphinmag.fr/arwc2018



Endorphinmag

Béatrice Glinche, Decembre 2018.


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