27e Diagonale des fous – Sandrine Béranger (raideuse) termine à la 3e  place (M1)!

 

Après sa 3e place avec l’équipe des 400team, lors de la Finale Mondiale de raid aventure, organisé à la Réunion en novembre 2018 (Raid In France (RIF)), Sandrine Béranger est revenue en mode traileuse sur ce  terrain de jeu accidenté mais qui lui réussit plutôt bien comme en témoigne sa très belle 3e place M1 (5e au scratch féminin) sur la Diagonale des fous qui vient tout juste de se terminer.

 

« Sur un parcours inchangé, 166km et 9611mD+, 2 715 coureurs ont pris le départ de la Diagonale des Fous, dont 10% de femmes et 90% d’hommes. 1 953 sont arrivés, soit un taux d’abandon de 28% contre 26% l’an dernier (info France TV sur ce lien) ».

 

 Retour sur sa belle aventure en 10 questions.

 

EndorphinMag.fr (EM) : Victorieuse en 2005… cette année, tu termines à la 3e place en M1 (98e au classement général), comment s’est passée cette édition 2019 ?

 

Sandrine Béranger (SB) : J’aurais bien sûr aimé que ce soit ‘la course de ma vie’, sur cette Ile de la Réunion qui m’a déjà apporté tant d’émotions fortes et de surprises… Cela n’a pas été le cas, après un démarrage correct pour moi sur un début de parcours très (trop) roulant, je n’ai malheureusement pas réussi à tirer profit d’un terrain  accidenté pourtant à mon avantage : cardio qui ne redescend pas malgré un rythme plutôt tranquille, écœurement et spasmes d’estomac… C’est surtout mentalement je crois que j’ai manqué d’énergie et surtout de lucidité.  Après toutes ces années de raids, je devrais pourtant savoir qu’une course peut réserver bien des surprises et qu’il faut se battre jusqu’au bout. J’ai manqué de combativité mais je crois que sur ce facteur l’enchaînement TDS fin août où j’ai beaucoup donné a été un peu court surtout mentalement...

 

EM : As-tu subi l’erreur de tracé du début de parcours ?

 

SB : Oui j’ai fait partie du groupe qui est parti sur le mauvais tracé, pourtant j’avais vu une rubalise à terre, mais j’avais vite été rassurée par un balisage abondant…  J’ai peut-être perdu une 15 aine de minutes, mais très honnêtement je n’ai pas été atteinte moralement par cet épisode, et je ne pense pas que cela ait changé grand-chose à ma course...

 

EM : Avais-tu une stratégie de course, si oui laquelle ? Avec le recul, quels changements aurais-tu apportés ?

 

SB : Aucune stratégie, je n’ai même pas fait de plan de course, par contre j’avais précisément les dénivelés / distances en tête. Je savais que le début de course jusqu’à Mare à Bout n’était pas à mon avantage donc je ne me suis pas affolée, j’ai même été agréablement surprise par le parcours que je pensais plus pénible que cela. Idem pour le dernier tiers de la course que j’ai même apprécié alors que j’en avais un souvenir horrible, mais le moral était revenu ! Ce qui aurait vraiment apporté un facteur positif déterminant c’est sans doute si j’avais pu bénéficier d’une petite remontée de moral en cours de route : je suis venue à la Réunion toute seule, juste pour la course, donc personne pour me rebooster sur une assistance, et je me suis retrouvée quasiment toute seule pendant toute la 2e partie de course…. C’est juste normal, mais pour une fois une petite remontée de bretelle m’aurait fait du bien ! Je manquais tellement de lucidité que lorsque je me suis fait doubler à bonne allure par 2 filles, au lieu de réaliser qu’elles étaient en relais, cela m’a plutôt convaincue que j’avançais comme un escargot et que j’étais nulle ! Spirale négative désastreuse...

 

EM : Comment as-tu géré ton alimentation, as-tu pris un peu de repos ?

 

SB : J’ai eu beaucoup de difficultés à manger, très écœurée et envie de vomir… Je me suis arrêtée largement à chaque ravitaillement, très largement à Roche Plate où j’avais une chute de tension, et ensuite 10 min de dodo près du sentier dans la descente de Maïdo parce que je m’endormais… Bref une gestion de course vraiment déplorable mais je n’étais pas au mieux.

 

EM : Tu as fait une remontée régulière, encore 50 ou 100km et tu gagnes de nouveau, 14 ans après?

 

SB : Après le Maïdo, le moral est revenu, j’ai réussi à me motiver sur l’objectif de franchir la ligne d’arrivée et à faire mon deuil du podium… Du coup j’ai réalisé que finalement j’étais plutôt bien, et les derniers 50 kms sont très bien passés… et effectivement j’aurais pu continuer encore… Terrible de voir l’impact du mental, qui nous aide bien souvent, mais parfois peut faire défaut….

 

EM : Tu termines après 34h48’57’’ de course… on te connait plutôt habituée des raids longs, prête à enchainer une centaine d’heures de course… comment as-tu préparé ce raid ?

 

SB : C ‘est sans doute la course que j’ai le mieux préparée, d’où aussi ma déception au vu du résultat, j’ai alterné les sorties longues et des sorties courtes rapides.

 

EM : 2005 à 2019… et 3 grossesses plus tard, tu es toujours impressionnante de fraicheur lors des raids aventure, est-ce le cas aussi en ultra trail ? Quel est ton secret… quels sont tes super pouvoirs ?

 

SB : Je pense être beaucoup plus forte aujourd’hui qu’il y a 10 ans, et je ne compte pas m’arrêter encore… En me frustrant côté sportif, mes grossesses m’ont reboosté, et les contraintes liées aux enfants font que chaque créneau est bon à prendre, quelle que soit la météo ou l’envie du moment.  Je me mets trop la pression en ultra trail, donc je me fais un peu moins plaisir qu’en raid aventure où je suis beaucoup plus dans le plaisir que dans l’effort (c’est aussi beaucoup plus fun!).

 

EM : Lors du RIF 2018, nous sommes passés à Cilaos, Hell Bourg et bien d’autres lieux communs à la Diagonale, as-tu pensé à certains moments du raid ?

 

SB : Bien sûr, surtout qu’on avait fait un petit parcours d’entraînement dans Mafate avec l’équipe avant le raid… Alors j’ai beaucoup pensé à mes équipiers Seb, Colo, Romu, et j’ai été très étonnée de trouver les sections communes longues et difficiles alors que tout m’avait semblé facile et court l’année dernière ! A posteriori je ne me suis trouvée pas très compatissante avec mon Colo qui souffrait dans cette partie de trail, alors que je n’en voyais vraiment pas la raison… là je comprenais beaucoup mieux pendant la Diag !

 

EM : Quels sont tes prochains défis ?

 

SB : Une année 2020 de folie, j’ai hâte, beaucoup de raids avec l’équipe 400 Team-Naturex : Patagonie, Lesotho et sans doute Paraguay… Un peu moins d’ultra, j’en ai fait un peu trop cette année, mais je risque sans doute de céder à la tentation...

 

EM : As-tu un programme de récup ?

 

SB : Ce sont les vacances de la Toussaint, donc avec mes 3 enfants je n’ai aucun créneau sauf le week-end… Je m’en faisais une joie pendant la course, mais là, après 3 jours de repos complet, je commence à craquer, pour ma santé morale et celle de mes mari /enfants il va falloir que je fasse une petite sortie… J’ai hâte de remonter sur mon VTT, qui s’est un peu engourdi tout l’été…

 



Endorphinmag

Béatrice Glinche, Octobre 2019.


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